Déplacer. Éclairer. Dessiner.

Lorsque plus de vingt fois par an, Patrick Naggar s’envole de New-York à Paris et de Paris à New-York, il relie dans le cosmos les différentes parties qui constituent son univers ancré dans l’Antiquité, parcourant librement les sphères.

Le panthéon classique et ses mythes constituent le bagage qu’il transporte avec lui, boîte à outils pour chaque circonstance ou divinité pour chaque désir… C’est le cosmos, ce sont les constellations et leurs traces qui animent son crayon et son esprit d’architecte.

Naggar a raison de signifier qu’il ne s’agit pas de s’asseoir, de manger, de s’allonger ou de dormir – toutes fonctions que le mobilier se doit de servir humblement: il s’agirait plutôt d’un remède par le mobilier, une sorte de thérapie physique qui se concentrerait sur notre sens de l’espace et sur des fragments de mémoire…

Bien des nouvelles pièces de Patrick Naggar paraissent étrangement sages, jusqu’à l’instant où, animées par la lumière, elles refusent de faire partie des meubles et de disparaître dans l’arrière plan.

… Ces objets constituent une offensive en règle, soutenue, délicate et toujours réussie car implacable contre toutes les occasions ratées d’un traitement a minima de l’espace. Les seuls lieux dignes d’être visités sont ceux dont on se souvient et bien que cela puisse sembler évident, les prétentions jumelles que sont fonctionnalisme et économie ont fini par réduire les espaces que nous habitons à des boîtes muettes ou sinistrement grandioses. Ainsi, nous en venons à être consolés. Non pas décorés, extérieurement ou intérieurement, non pas post-modernisés, pastichés ou néo-baroquisés, mais littéralement et littérairement consolés, rappelés au monde de la pensée poétique…

Gini Alhadeff,
New-York, Septembre 2007

 

Moving, Lit, Drawn.

When Patrick is flying from Paris to New-York and back, which he does more than twenty times a year, he is connecting in the cosmos the various parts that constitute his universe anchored in antiquity and freely orbiting the spheres.

The entire classical pantheon and its myths is the satchel he carries about with a tool for every situation or a god for every desire… It is the cosmos, the milky constellations and their paths that bring movement to his pen and to his architect’s brain… Naggar is right to point out that this is not about sitting, eating, lying down or sleeping – the functions furniture is expected ti humbly serve. This is about a furniture cure. A physical therapy that concentrates on your sense of space and shards of memory… 

Many of Patrick Naggar’s new pieces are ready to subtly be, till a light is switched on and they glow immodestly refusing to faire partie des meubles, fade into the background.

… These pieces are a massive, sustained, delicate, ever successful because relentless, attack on the dumb wasted opportunities of a background approach to space. The only places worth going to are memorable ones and though this may appear obvious, the twin boasts of functionality and economy have crushed spaces we find ourselves in, into mute forgettable boxes or even grand sinister ones.  So we come to be consoled. Not decorated, either exteriorly or interiorly, postmodernized, curlicued, pastiched, ruffled, plumped, or cushioned. We come to be consoled, literally, literarily and concretely reminded of the world of poetic thought…

Gini Alhadeff
New-York, September 2007